Des scientifiques luttant contre l’injustice écologique sont jugé·es à Munich
Six militant·es climatiques français·es, dont cinq scientifiques, ont participé le 7 octobre 2025 à la seconde audience de leur procès au tribunal de district de Munich en Allemagne. Ils et elles doivent répondre de plusieurs chefs d’accusation, notamment de dégradation, d’intrusion et de coercition, à la suite d’actions non-violentes dans les bureaux du fonds d’investissement BlackRock, à une intersection bloquée au centre de Munich, et dans le salon d’exposition BMW. Ces actions ont été menées au sein du collectif Scientist Rebellion en octobre 2022. Leurs arrestations à ce moment-là, impliquant 20 personnes au total, avaient déjà été suivies de détentions préventives durant jusqu’à 6 jours. Le procureur avait alors requis des amendes individuelles allant jusqu’à 12 800 euros, pouvant être commuées en 5 mois de prison.
Pendant l’audience, les six inculpé·es ont pu insister sur la finalité des actions de désobéissance civile non-violente visant à alerter sur la gravité des crises écologiques et le dommage déjà établi et à venir sur les populations de toute la planète. Ils et elles ont pu justifier le choix des deux multinationales, BlackRock et BMW, en portant à la connaissance du juge des études scientifiques et enquêtes d’ONG démontrant leur rôle dans l’obstruction climatique. Le choix de cibler une voiture de luxe n’avait pas non plus été fait au hasard puisque le rôle de la construction d’une image de la voiture désirable, mais aussi la structuration de la société via des décennies de politiques publiques influencées par les lobbies des grandes entreprises, a également été démontré. L’une des revendications de l’action était l’engagement de politiques publiques en faveur des transports en commun et l’adoption d’une vitesse limite sur les autoroutes allemandes, afin de réduire l’impact catastrophique des voitures individuelles sur la santé humaine, notamment dû à la pollution atmosphérique. Une autre revendication était l’annulation de la dette des pays du Sud global, les moins responsables du dérèglement climatique et pourtant les plus exposés à ses impacts. Cette revendication continue d’avoir tout son sens comme on le verra très certainement lors la prochaine COP30 où les enjeux de financement mais aussi de justice climatique seront comme chaque année sur le tapis. Enfin, les six inculpé·es ont signalé le contexte d’aggravation de la répression des activistes défenseurs de l’environnement qui fait l’objet de nombreuses alertes sur l’atteinte aux droits fondamentaux notamment de la part du rapporteur spécial Michel Forst et d’Amnesty International.
Vers 16h, l’audience a été levée car l’avocat de BMW a montré des images des traces de colle sur la voiture auxquelles les avocats des prévenu·es n’avaient pas eu accès. Le procès reprendra le 17 octobre.