2024-12-06

Des militant·es de Scientifiques en rébellion et de Dernière Rénovation en procès au Havre le 6 décembre

Pour avoir participé à une action pacifiste revendiquée par Scientifiques en rébellion et soutenue par Bloom, ANV-COP21, Stop Eacop et Extinction Rebellion le 12 mai 2023, 16 militant·es écologistes ont été jugé·es au tribunal du Havre le 6 décembre 2024 au matin.

Des scientifiques et activistes avaient bloqué de manière symbolique une écluse du port pour protester contre la construction d’un terminal méthanier de TotalEnergies (vidéos ici). Le projet écocidaire contre lequel s’étaient rassemblé·es les manifestant·es a vu le jour malgré les nombreux recours et les actions menées par d’autres organisations, notamment Greenpeace. Les scientifiques du GIEC sont unanimes sur la nécessité de sortir des énergies fossiles. Un terminal méthanier utilisant du gaz liquéfié venant des États-Unis ou de Norvège est totalement contradictoire avec la notion d’autonomie énergétique dont se vante le gouvernement.

Ce procès était inédit de par la présence de Frank Marba, victime climatique des Philippines et plaignant dans un recours pénal contre TotalEnergies, qui a témoigné : « Mes grands parents vivaient avec un méga typhon tous les trente ans, j'en ai subi trois en 10 ans dont le plus puissant jamais enregistré jusqu'à ce jour. Mon village a été rayé de la carte et j'ai failli mourir avec ma grand mère. Le changement climatique a mis ma vie et la vie de millions d'autres personnes en danger à travers le monde. »

Stéphane Costa, co-président du GIEC normand a complété ce témoignage en faveur des scientifiques et expliqué qu'ils et elles sont contraint·es de sortir des labos car leur travail n'est pas pris en compte par les décideurs. Les deux témoins ont rappelé que lorsque des scientifiques nous alertent, il faut les écouter, pas les condamner.

La procureure a reconnu le caractère actuel ou imminent du danger causé par le changement climatique. Elle a cependant considéré que l'action a perturbé la circulation de manière disproportionnée comparé aux millions de morts causés par le changement climatique. Elle a donc requis de maintenir l'amende initiale de 200 euros par personne.

L'avocate des militant·es et des scientifiques, Maître Chalot, a plaidé la relaxe suivant l'état de nécessité car cette action était nécessaire pour éviter des dommages bien plus importants. Elle a également plaidé qu'une condamnation porterait atteinte de façon disproportionnée à la liberté d'expression des militants·es.

La juge a mis l'affaire en délibéré et rendra ses conclusions le 10 février 2025.