En pleine canicule, les Scientifiques en rébellion se mouillent contre l’autoroute A69
Alors que la canicule s’abat sur l’Europe, les Scientifiques en rébellion et la communauté scientifique se sont de nouveau mobilisé·es pour redire haut et fort leur opposition à l’A69 lors d’une action qui s’est tenue en bord de Garonne le mardi 1er juillet en fin d’après-midi.

Deux équipages en canoë ont descendu le courant pour déployer le slogan du jour, « Pour nous, scientifiques, l’A69 c’est toujours non », en le déposant sur du gazon synthétique flottant sur la Garonne, métaphore de la prétendue compensation des terres détruites par l’A69, quai de la Daurade au son de cornes de brume. Pendant ce temps une vingtaine de scientifiques ont tracté pour alerter les passant·es au sujet des dérives anti-démocratiques et écocides du projet et pour annoncer la prochaine mobilisation du mouvement d’opposition à l’A69, du 4 au 6 juillet prochain dans le Tarn. Une tribune rédigé par Scientifiques en rébellion sera publiée dans Reporterre le mercredi 2 juillet pour détailler les raisons de cette mobilisation.
Les scientifiques présent.es sur les bords de la Garonne sont d’abord venu.es rappeler que l’opposition à l’autoroute A69 est largement partagée dans la communauté, comme l’atteste une tribune parue en octobre 2023 dans Le Nouvel Obs signée par plus de 1500 scientifiques. Un des arguments portés alors était que cette autoroute aurait un impact négatif en terme d’émissions de gaz à effet de serre, tout en maintenant la population dans un mode de vie développé autour de la voiture individuelle associée à la vitesse excessive des autoroutes. Dans un contexte de climatoscepticisme porté depuis la sphère politique d’extrême droite, les scientifiques ont rappelé dans leur tract que le consensus est bien que les activités humaines, émettant des gaz à effet de serre, sont la cause du réchauffement climatique observé. Une étude publiée le 19 juin 2025 montre que limiter le réchauffement planétaire à +1.5°C est d’ailleurs désormais inatteignable. Aussi, la cohérence politique d’un pays qui a organisé la COP 21 de 2015 devrait être de renoncer à des projets aussi anachroniques que celui de l’A69.
Ensuite, les scientifiques sont venu·es alerter à propos de la séquence politique en cours autour de ce projet, qui mêle altération de la séparation des pouvoirs et non respect de l’État de droit. Le 27 février dernier, le tribunal administratif de Toulouse a déclaré illégale l’autorisation environnementale de l’autoroute A69 délivrée par les préfectures du Tarn et de la Haute-Garonne en indiquant que la Raison impérative d’intérêt public majeur (RIPM) n’était pas remplie pour cette autoroute. En effet, l’article L411-1 du code de l’environnement interdit la destruction, l’altération ou la dégradation d’espèces protégées et de leurs habitats naturels, sauf si une RIIPM peut être argumentée. Face à ce jugement, l’État a obtenu en Cour d’appel de Toulouse le sursis à exécution du jugement le 28 mai dernier, ce qui explique que les travaux pourraient reprendre sous peu. Par ailleurs, une proposition de loi a été soumise aux chambres parlementaires pour déclarer de facto la RIIPM de l’A69, dans un atteinte grave à la séparation des pouvoirs. Le texte poursuit son cheminement ubuesque après un vote de rejet par les porteurs de la loi qui l’a envoyé en commission mixte paritaire où il a été voté le mercredi 25 juin dernier. Il y a un peu plus d’un an, des milliers de scientifiques avaient appelé à se mobiliser contre l’extrême droite. Le front républicain avait permis d’écarter son accession au pouvoir en juillet 2024. Les pratiques politiques illibérales en cours sont propres à favoriser une pratique autoritaire de l’extrême droite, si elle arrivait au pouvoir.
Enfin, les Scientifiques en rébellion expriment leur colère face à l’instrumentalisation des sciences faite dans ce texte de loi. En effet, la proposition de loi prétend s’adosser à une légitimité scientifique en affirmant faussement que « ces projets sont réputés répondre, en l’état des connaissances scientifiques disponibles [...] à une raison impérative d’intérêt public majeur ». Les élu·es sont libres de mépriser le consensus scientifique et les engagements internationaux de la France en matière de réduction de gaz à effet de serre. Mais cela ne peut se faire en arguant de connaissances scientifiques disponibles. Cela revient à pratiquer une inversion des arguments. Les données scientifiques disponibles ne vont pas dans le sens d’un intérêt public majeur à faire l’A69.
En conclusion, pour les scientifiques réuni·es sur les bords de la Garonne ce mardi 1er juillet, l’A69, c’est encore et toujours non.